Que l’on compare le voile impalpable de terreur et de douleur qui entoure certaines d’entre elles à la banalité descriptive des pièces de l’Album pour la jeunesse ! La différence entre scènes d’enfants et scènes pour les enfants est dans le regard nostalgique tourné vers l’arrière. Les enfants, par exemple, ne voient aucune scène, n’entendent aucune brisure dans « Rêverie ». Seuls sont capables de ce regard et de cette écoute de l’enfance ceux qui l’ont perdue mais ne l’ont pas reniée. Ceux qui savent s’accorder à sa voix secrète tentée par les confins fabuleux (« L’enfant s’endort »), à sa voix un peu fêlée (« Rêverie »), à sa voix emportée et souvent bavarde (« Curieuse histoire », « Colin-maillard »), à sa voix parfois terrifiée (« Presque trop sérieux »), à sa voix s’adressant à ce qui manque, à ce qui manquera toujours, à ce qui n’est pas là (« De pays et de gens étrangers », « Le poète parle »).
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