A côté des inhibitions propres au jeu du piano, des angoisses envahissantes, au-delà du trac normal, des affections plus ou moins fonctionnelles, telles que les contractures, crampes, voire perte de sensations tactiles, véritables faillites de la résidence dans le corps, qui viennent entraver le déroulement d’une carrière d’un pianiste (Léon Fleischer, Michel Béroff, Vladimir Horowitz, Byron Janis, Glenn Gould en furent des exemples parmi bien d’autres), il existe une forme de pathologie assez fréquente qui est une sorte de repliement autistique pouvant aller jusqu’au silence définitif : plus de concerts, plus de disques et même plus de jeu du piano, fût-on seul et sans témoin. J’appellerai cette maladie : syndrome de disparition. Les quatre plus grands pianistes de ce demi-siècle (Richter, Gould, Horowitz, Benedetti Michelangeli) ont tous été frappés à un moment ou un autre par des crises de dépression ou de mélancolie qui les réduisaient au silence, parfois pour de longues périodes. Martha Argerich dira ensuite du dernier qu’il lui avait appris « la musique du silence ».
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